Peux-tu nous parler un peu de ton background musical?
J’ai un background classique, puis me suis tournée très rapidement vers la musique contemporaine et le travail de création avec des compositeurs, pour des pièces acoustiques ou électroacoustiques, avec bande ou traitement en temps réel. J’ai en parallèle développé un amour immodéré pour l’improvisation et les collaborations multidisciplinaires, ce qui m’a menée à collaborer avec des artistes ou des compagnies très différents, l’ensemble Supermusique, la compagnie de danse La La La Human Steps, le compositeur et luthier Jean-François Laporte, le Ratchet Orchestra, entre autres… et puis quelques compositeurs et artistes du collectif Kohlenstoff, dont Maxime Corbeil-Perron et Joel Lavoie.
À quoi est-ce qu’on peut s’attendre sur cet album?
À de la musique :) À une musique personnelle, que je ne peux pas décrire avec des mots. Il faut écouter!
Tu as enregistré tes pièces dans des lieux différents pour aller chercher l’acoustique des endroits respectifs. Comment as-tu choisi ces endroits?
J’ai mené une résidence de création dans l’église du Gesù – centre de créativité au printemps 2015. C’était la première fois que je travaillais pendant une longue période de temps dans un espace réverbérant, qui a influencé ma manière de jouer, de concevoir le son, les gestes musicaux. Dans un espace réverbérant les notes que l’on joue restent, le temps de la réverbération, donc j’ai pu créer des polyphonies, des jeux de saturation… Puis j’ai décidé d’explorer d’autres espaces et suis allée enregistrer à la Fonderie Darling ainsi que dans un stationnement intérieur.
Qu’est-ce qui t’a poussé à faire ainsi?
L’instinct, l’envie d’en découvrir plus. J’ai joué dans l’église du Gesù pour la première fois en 2013 je crois, et ça a été le coup de foudre immédiat pour cette acoustique. Il y a 7 secondes de réverbération, le son claque, il y a des noeuds de vibration à certains endroits… donc j’ai demandé à faire une résidence et puis tout s’est enchaîné de fil en aiguille.
Peux-tu nous parler de ton processus créatif pour les pièces de cet album?
Au départ il y a l’espace et la manière dont il prend le son du saxophone, le porte, le transporte, le déforme. J’ai essayé des textures, des mélodies, des rythmes, des sketches. Je me suis livrée à un gros travail de laboratoire, dans lequel les preneurs de son ont joué un rôle fondamental : j’ai travaillé au total avec six preneurs de son, qui sont venus chacun avec leurs oreilles. On s’installait dans un espace, je jouais, ils se promenaient pour voir où le son était le plus intéressant et puis on enregistrait. Je rentrais chez moi, j’écoutais, je retravaillais mes sketches et rebelote, pour arriver aux versions des pièces qu’il y a sur l’album. Ces preneurs de son sont Mathieu Bélanger, Pierre-Luc Lecours, Myriam Boucher, Ana Dall’Ara Majek, Pierre-Luc Sénécal et Luc Delorme. Ensuite Ana Dall’Ara Majek a réalisé le mixage en choisissant les prises et puis on a donné une forme à tout ça.
C’est la première fois en fait que je me jette à l’eau et je compose ma propre musique pour un projet au complet…
L’album d’Ida Toninato est disponible en version digitale sur Kohlenstoff.ca
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Aventureuse et relativement anti-conformiste, Ida Toninato explore le son, les idées et les formes de présentation, seule ainsi qu’en compagnie de compositeurs, improvisateurs, danseurs, artistes de tous bords. Elle aime les questions, les pertes de contrôle, la poésie et la manière dont les sons roulent dans la bouche. Elle s’est produite sur certaines des scènes les plus prestigieuses d’Europe avec la compagnie de danse La La La Human Steps (le Kremlin, les studios de la BBC, le Palais des festivals de Cannes etc) et aime jouer dans d’obscurs lieux alternatifs. Titulaire d’un Doctorat en interprétation de l’Université de Montréal, elle est dédicataire d’une dizaine de pièces pour saxophone baryton et électronique. Ida s’apprête à sortir son premier disque solo, enregistré en espace réverbérant sous l’étiquette Kohlenstoff Records. Collaboratrice régulière de la compagnie Totem Contemporain, elle a conçu un spectacle Jeune Public, qui s’intitule Babaloune et utilise les nouvelles lutheries du compositeur Jean-François Laporte, spécifiquement, un instrument nommé Table de Babel. Ce spectacle a bénéficié du programme Tournée dans l’île du Conseil des Arts de Montréal pour la saison 2014-2015. Elle se produit régulièrement à Montréal avec des compagnies comme SuperMusique et la chorale bruitiste Joker, l’ensemble Ciao Rhino, Totem Contemporain et la société de concerts Codes d’accès ainsi que la merveileuse communauté des improvisateurs et autres bruiteurs hors-normes.